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lundi 4 septembre 2017

Révolution russe de 1917, Petrograd rouge (II), extrait : Dans les usines aux lendemains de la révolution de Février 1917…


Quand la peur changeait de camp…

 « … le renversement de la dynastie des Romanov plongea les ouvriers dans une sorte d’euphorie. Ils retournèrent dans leurs usines déterminés à balayer l’ancien régime dans les lieux de travail de la même façon qu’ils venaient d’être balayés plus largement dans la société. Ils étaient résolus à créer, à la place de l’ancien ordre « absolutiste », un nouvel ordre « constitutionnel » dans les entreprises. Ils commencèrent par déchirer les anciens contrats d’embauche, les vieux règlements et les listes noires honnies. De même que les agents de l’autocratie venaient d’être chassés des commissariats et des services gouvernementaux, de même les ouvriers expulsèrent des usines les personnes les plus liées à l’appareil répressif. A Petrograd, les ouvriers exigeaient le renvoi de tous les membres de la hiérarchie qui leur avaient gâché l’existence, qui s’étaient comportés comme des tyrans, qui avaient abusé de leur autorité, touché des pots-de-vin ou s’étaient mis au service de la police. Quelquefois, les directeurs furent remerciés gentiment, d’autres fois, mis à la porte avec perte et fracas. Aux usines Poutilov, le directeur et son adjoint furent tués par les ouvriers et leurs corps jetés dans le canal Obvodny et quelque quarante membres de la direction furent expulsés pendant les trois premiers « jours de liberté ». A l’atelier des moteurs, Pouzanov, l’ancien chef des Cent-Noirs de l’usine,  fut attaché à une roue de charrette, badigeonné de plomb rouge, ignominieusement traîné hors de l’usine et jeté dans la rue. Dans la briqueterie de la même usine, le contremaître A.V. Spasski fut déchu de ses responsabilités par les ouvriers pour les avoir traités brutalement et obligés à faire des heures supplémentaires, engendrant des accidents comme celui arrivé à un certain S. Skinder qui s’était écroulé d’épuisement à minuit et avait dû être conduit à l’hôpital… »

(Petrograd rouge, Stephen A. SMITH, les nuits rouges, p.81-82)