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dimanche 10 janvier 2021

Argenteuil : PS, quand certains membres des ex-partisans de Philippe Doucet ont du mal à tourner la page

 

« Gauchistes » et « convictions », des termes à maîtriser

 



À propos du sondage ci-dessus sur les prochaines élections régionales, notre ami Juju dont nous avons fait la connaissance lors des manifestations pour la défense des retraites (et c’est notable) a écrit il y a quelques jours sur sa page F. Je lui ai promis que je ferai un commentaire, ce que je fais présentement. Voilà ce qu’il écrivait (extrait) :

         « Ce sondage montre encore que la gauche n’a rien compris de 2002....total gauche 38%, mais la droite va gagner grâce à la division, bravo 👏🏻à tous ces pseudos gauchistes avec leur egos , qui feront gagner la droite.

Une région avec des valeurs et une politique sociale et écologique c’est pas pour demain !

Appelons au rassemblement, Il faut l'union avec l'ensemble des partis de gauche dès le premier tour pour faire barrage à la droite et que la gauche et les écologistes gagnent la région ! ».

         Je ne répondrai ni sur ce qu’est la « gauche » aujourd’hui ni sur l’enjeu de l’apport d’une hypothétique victoire de cette dernière lors de ces futures élections, qui entre nous, sont à des années-lumière des problèmes et des préoccupations actuelles de la classe à laquelle nous nous adressons à Lutte ouvrière, le monde du travail.

         Je me contenterai de commenter l’élément suivant : « bravo 👏🏻à tous ces pseudos gauchistes avec leur egos , qui feront gagner la droite. »

         Je le commente d’autant plus que ce n’est pas la première fois que je la lis, sous cette forme ou sur une autre, de la part de membres du cercle du chef disparu des radars locaux, Philippe Doucet.

         Je veux m’arrêter uniquement sur « ces pseudos-gauchistes avec leur égo ».

         Le terme de gauchiste a eu son heure de « revival » lorsque des groupes se sont développés dans les années 1960, contestant sur sa gauche la politique du PCF. L’ancêtre de Lutte ouvrière, Voix ouvrière, était de ceux-là. Le terme fut une des grandes expressions des années 1968. Et ce n’était pas seulement une question de vocabulaire. Son utilisation se traduisit souvent par la violence du PCF stalinien contre ces « gauchistes », loin de tout débat démocratique au sein du monde du travail. Ce terme sonne donc aujourd’hui encore d’une drôle de façon.

         Quant à « l’égo », voilà le grand mot diffusé par les membres du cercle que j’évoquais.

         Si d’autres militants ne se ralliaient pas au PS (aujourd’hui c’est le PS, naguère ce fut donc le PCF), cela serait le fait seulement d’égos, on peut ajouter, selon la formule, « surdimensionnés ».

         La réalité est très loin de là.

         Je laisserai de côté ceux qui prônent leur existence électorale autonome dans le cadre de calculs électoraux et politiciens. Ils existent, et ils sauront se défendre si cela leur chante. Nous ne sommes pas de ceux-là.

         Et puis, il y en a d’autres qui, loin des espérances de postes de notables, tiennent à exprimer leurs convictions lors d’une élection, pour s’expliquer et donner la possibilité aux électeurs qui se reconnaissent dans leur programme de pouvoir l’approuver en votant pour lui. C’est notre politique en général, et particulièrement ces dernières années face aux problèmes et aux enjeux de l’heure qui exigent cette clarté et cette présence.

         J’ai donc encore l’espoir que Juju et d’autres comprennent mon commentaire et l’approuvent.  DM

mercredi 30 mai 2018

Mai 68 : modeste itinéraire d’un jeune de 16 ans. Fin, sans fin.


Je n’ai pas oublié


Le 13 mai 1968
Ce mois de mai fut pour moi l’occasion de constater que du jour au lendemain, tout peut basculer, les gens peuvent prendre une autre voie, bien différente de celle qu’ils suivaient jusqu’alors. Ce qui fut vrai hier peut l’être tout autant pour demain. L’espoir peut alors totalement remplacer le scepticisme quant à la possibilité de renverser le capitalisme.
         Les évènements de Mai affirmèrent une nouvelle fois la fantastique force du monde du travail, sans lequel, en grève, tout s’arrête. Ce fut une expérience extraordinaire.
         Dans les deux années qui suivirent, j’allais approfondir les idées que j’avais découvertes. Mais pour l’administration de l’Ecole normale, je n’étais qu’un élève rebelle qu’il fallait mater.
         Le régime de caserne de l’Ecole ne changea guère après ces évènements qui avaient secoué ailleurs les lycées et les universités. Alors que Mai 68 avaient modifié à l’Ecole normale les rapports avec la majorité des enseignants et rendirent les cours beaucoup plus vivants, l’administration resta sur ses positions. En terminale, je fus « consigné » le week-end quatre fois pour des motifs ridicules. La cinquième fois, je rentrai à Argenteuil. Je passai en conseil de discipline, et le paierait deux ans plus tard en étant muté dans une autre Ecole normale.
         Ma participation aux « évènements » fut modeste. Mais je suis resté jusqu’à aujourd’hui sur cette même ligne d’espoir dans la capacité de l’humanité à avancer en se débarrassant du capitalisme. Bref, je n’ai pas oublié mes rêves d’antan, ceux d’un jeune de 16 ans, chargé d’espérances. DM



mardi 29 mai 2018

Mai 68, modeste itinéraire d’un jeune de 16 ans


Dissolution de Voix ouvrière

 
La jeunesse avait effectivement déjà voté

Le 12 juin 1968, le gouvernement décide la dissolution de 11 organisations révolutionnaires, dont Voix ouvrière. En attendant la suite, le PSU ouvre ses portes aux participants de Mai dont les organisations viennent d’être dissoutes. Je retrouve une militante de Voix ouvrière pour en discuter, dans un lieu anodin, discret, l’Arc de triomphe du Carrousel face au jardin des Tuileries…
Je participerai à la campagne du PSU sur Argenteuil pour les élections législatives des 23 et 30 juin 1968. Son candidat s’appelait alors « Peytour ». Pendant plusieurs décennies, l’inscription « Votez Peytour » sera toujours lisible sur un mur du cimetière d’Orgemont, devant la cité Joliot-Curie. Elle me rappellera longtemps ce joli printemps.
         A la mi-juin, comme mes petits camarades, je dois réintégrer l’Ecole normale de Versailles pour récupérer mes affaires et filer… L’année scolaire 1967-1968 s’achève. Je dois aller l’année suivante en première B (sciences économiques…). Les vacances commencent prématurément.

(A Suivre. Epilogue)

dimanche 20 mai 2018

Mai 68 : modeste itinéraire d’un jeune de 16 ans (Suite, 6.)


Un soir, du côté de Billancourt

 
Georges Séguy à Billancourt

Durant les semaines de Mai-Juin, et malgré la grève des transports après le 13 mai, les participants se déplacent beaucoup, d’un lieu des évènements à un autre. On marche, on fait du stop, les voitures des uns servent aux autres, et puis, pour donner des nouvelles aux parents, j’ai mon solex…
         Le jour où le secrétaire confédéral de la CGT vient en compagnie de son prédécesseur, Benoît Frachon, rapporter dans la soirée du 27 mai l’état des discussions de Grenelle aux travailleurs de chez Renault, des étudiants et des travailleurs d’autres entreprises se rassemblent aux portes de l’usine, place Nationale, face à Billancourt.
         Les portes de l’usine sont closes, mais il y a du monde sur la place. On n’entendra pas les fameux sifflets qui ponctuent le discours de Séguy. Certains les analyseront comme des marques de critiques à son encontre quand d’autres affirmeront que c’est contre les propositions du gouvernement qu’ils visent. Une chose est sûre est que la CGT acceptera des Accords dits de Grenelle au contenu bien en-deçà des possibilités du mouvement.
         Je participe ce soir-là à ce rassemblement de la place Nationale. Le nom de la « forteresse ouvrière » sonne à mes oreilles.


A suivre, vers Voix ouvrière mais pas seulement

samedi 19 mai 2018

Mai 68 : modeste itinéraire d’un jeune de 16 ans (Suite, 5.)


Sous les pavés, la plage ?


Bien évidemment, j’ai participé à des manifestations durant la dernière quinzaine de mai. Je me souviens de celle du 24 mai partie de la gare de Lyon qui dégénéra rapidement. J’ai en mémoire cette image des gardes mobiles perchés sur le chemin de fer de la Bastille lançant leurs grenades sur nous qui étions en contrebas sur le boulevard Daumesnil.


Un très courageux

         Dès le début des évènements, la police et les CRS avaient su cristalliser contre eux la colère des jeunes. Malgré les médias de l’époque, sauf Europe1 et RTL qui, elles, avaient misé sur l’écho des évènements parmi la jeunesse, une fraction très importante de l’opinion publique s’était retrouvée du côté de ces derniers, approuvant ou excusant ses « excès ».
         Je me vois encore sur le boulevard Saint-Michel ou ailleurs dépavant à qui mieux mieux.
         Nous le faisions à visage découvert, et nous avions l’impression d’être dans le sens des évènements, alors que la police symbolisait pour nous, l’ordre bourgeois, la répression, et le pouvoir des dominants.
         Ces pavés ont symbolisé Mai 68. A la fois image d’une certaine violence, mais tout de même marquant la limite également de la profondeur de l’affrontement.


         Le grand rassemblement de Mai à Paris fut, du côté de l’extrême-gauche le grand meeting du stade Charléty le 27 mai. Je n’y ai pas participé, et personne de m’a alors demandé les raisons de mon absence…