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samedi 20 avril 2024

Israël-Iran : Netanyahou rappelle son utilité pour l’impérialisme

Netanyahou rappelle son utilité pour l’impérialisme

Publié le 17/04/2024

En bombardant le consulat iranien de Damas le 1er avril et en tuant un des plus hauts responsables de l’armée iranienne, le Premier ministre israélien Netanyahou a provoqué l’Iran, en sachant qu’il obligeait ce pays à réagir militairement. Mais ainsi, en quelques heures, Israël a pu troquer son image de bourreau des Palestiniens pour celle de petit pays menacé par l’Iran.

Pourtant, alors qu’en six mois des dizaines de milliers de Palestiniens ont été tués à Gaza, le régime iranien n’a quasiment pas réagi. Lui qui se présente comme un des plus farouches défenseurs de la cause palestinienne n’a fait que menacer Israël en paroles. Et son allié le plus puissant, le Hezbollah libanais, a eu la même attitude. Lorsqu’en janvier l’armée israélienne a tué, par une attaque de drone, le numéro deux du bureau politique du Hamas qui vivait à Beyrouth dans un quartier bastion du Hezbollah, c’était déjà une provocation. Mais malgré des discours dans lesquels le chef de ce parti annonçait qu’il ferait payer à Israël « par le sang » le prix des civils tués au Liban, les combats frontaliers entre les milices du Hezbollah et l’armée israélienne sont restés très mesurés, bien calculés de part et d’autre.

En fait, les dirigeants iraniens comme ceux du Hezbollah veulent visiblement éviter d’entrer en guerre avec l’armée israélienne, sachant que derrière elle il y a toute la puissance militaire des États-Unis. Leur propagande en faveur des Palestiniens et leurs slogans contre « Israël, le petit Satan » sont surtout un moyen de faire diversion face à la contestation sociale dans leur propre pays, tout en se donnant à bon compte une allure anti-impérialiste.

L’assassinat d’un général iranien dans le consulat de Damas était évidemment un camouflet de trop pour l’Iran. Prétendre jouer le rôle d’une puissance régionale opposée à Israël et ne pas répondre aurait été interprété comme un signe de lâcheté, voire de compromission, par toutes les populations de la région et par leurs alliés.

L’attaque d’Israël par des drones et des missiles iraniens le 13 avril était donc nécessaire pour le régime iranien, en même temps qu’elle était très mesurée. Les dirigeants iraniens ont voulu montrer leur capacité à lancer près de 300 missiles et drones capables d’atteindre Israël. Et leur interception très efficace par les armées israélienne et occidentales leur a quand même coûté un milliard de dollars.

En fait, aucun projectile n’a atteint sa cible et on a appris que l’Iran avait informé de cette attaque la Turquie, l’Irak et la Jordanie, de façon que l’information aille jusqu’aux États-Unis. Le ministre iranien des Affaires étrangères a même déclaré : « Nous avons annoncé à la Maison-Blanche dans un message que notre opération serait limitée, minime et viserait à punir le régime israélien. » Et une fois l’opération effectuée, le régime a déclaré que, pour lui, l’affaire était close et qu’il s’estimait vengé.

Il n’est pas encore dit pourtant que les dirigeants israéliens s’en tiennent là. La provocation de Netanyahou a en effet très bien réussi.

À l’unisson, les dirigeants politiques israéliens qui le critiquaient se sont rangés derrière lui. Même ceux qui, encore quelques jours avant, dénonçaient Netanyahou en accusant sa politique aventuriste de mettre en danger le pays, ont remballé leurs critiques. À l’échelle internationale, les dirigeants de toutes les grandes puissances, de Biden à Sunak et Macron, ont réaffirmé « le droit d’Israël à se défendre ». Ils n’ont pas hésité à mentir pour dénoncer le danger iranien alors que toute la tension avec l’Iran a été provoquée par Netanyahou et son gouvernement d’extrême droite.

Au fond, alors que sa politique à Gaza suscitait des critiques même de la part de son allié américain, Netanyahou leur a répondu par un rappel : que cela plaise ou non aux dirigeants occidentaux, c’est sur lui qu’ils doivent compter dans leurs manœuvres au Moyen-Orient, notamment contre l’Iran. Son État et son armée sont le bras militaire de l’impérialisme dans la région et ils feraient bien de s’en souvenir, même quand ils formulent quelques critiques.

                                                    Pierre Royan (Lutte ouvrière n°2907)

 

Les prochaines permanences prévues à Argenteuil :

-Aujourd’hui samedi 20 avril : de 10 h.15 à 10 h.55 devant Monoprix ;

-de 11 h à midi au marché de la Colonie ;

-et de 10 h.45 à 12 h.15 dans le Centre Cl de la cité Joliot-Curie ;

-Dimanche 21 : de 10 h.15 à 10 h.55, devant Intermarché du Centre ;

-de 11 h. à midi, marché Héloïse ;

--Lundi 22 avril : de 18 à 19 heures, centre cl des Raguenets à Saint-Gratien ;

-D’autres rendez-vous de campagne sont en préparation.

 

 

Toutes les semaines, l’hebdomadaire Lutte ouvrière est aussi en vente à la librairie Le Presse-papier et au Tabac-Presse du mail de la Terrasse du quartier du Val-Nord que nous remercions.

 

15 euros jusqu’au 21 avril : mdommarie@aol.com

 

lundi 15 avril 2024

Drones iraniens : impérialisme incendiaire et hypocrite

 

La géométrie variable de l’impérialisme

 

Drones iraniens interceptés par Israël en février 2018.

Quand le 1er avril Israël a ciblé des Iraniens à Damas, les dirigeants des grandes puissances n’ont pas pipé mot. Mais face à l’attaque de drones iraniens sur Israël dans la nuit du 13 au 14 avril, l’Occident n’a pas de paroles assez indignées.

         On nous dit que l’Iran aurait franchi une « ligne rouge ». Mais qui va-t-en guerre depuis des mois, si ce n’est Netanyahou dont les attaques sur Gaza ont fait déjà plus de 30 000 morts ? Et qui a semé des bombes à retardement dans toute la région, si ce ne sont ses protecteurs à Washington ?

         L’escalade en cours, c’est l’impérialisme qui en est responsable.

dimanche 7 avril 2024

Israël : Netanyahou contesté

Israël : Netanyahou contesté

Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté le week-end du 31 mars dans les rues de Jérusalem et de Tel-Aviv aux cris de « Cela ne peut plus durer ! » Elles ont réclamé la démission de Netanyahou, de nouvelles élections et un accord avec le Hamas pour la libération des otages.

 

Ces manifestations contre le gouvernement révèlent que la guerre exacerbe les contradictions de la société israélienne et apparaît de plus en plus aux yeux d’un grand nombre d’Israéliens comme un bourbier. Netanyahou prétendait éradiquer le Hamas et éliminer ses chefs. Une grande partie de ceux-ci sont toujours vivants et l’armée de plusieurs centaines de milliers d’hommes et de femmes mobilisés ne peut toujours pas prétendre qu’elle maîtrise la bande de Gaza, à commencer par ses fameux souterrains, toujours en grande partie aux mains du Hamas. Alors, l’inquiétude grandit et les plus conscients commencent à voir la politique de leur gouvernement comme un aventurisme suicidaire.

Un point de tension supplémentaire vient s’ajouter à cette situation générale. Alors que l’armée israélienne est en permanence à la recherche de nouvelles recrues, qu’elle vient de rallonger de quatre mois le service militaire pour les hommes, en le portant à trois ans, et de multiplier par trois le nombre de jours de mobilisation pour les réservistes, 66 000 jeunes ultra-orthodoxes, étudiants en religion, âgés de 18 à 26 ans sont, dans les faits, toujours exemptés de service militaire. De plus, les très rares parmi eux qui sont malgré tout mobilisés, environ un millier par an, perçoivent à l’armée une solde supérieure à celle des autres conscrits et ont droit à des règles de vie adaptées. Par exemple, tout est fait pour qu’ils aient le « privilège »… de ne croiser aucune femme.

Devant la colère croissante des autres jeunes mobilisés, colère qui s’est exprimée dans les manifestations du week-end, la Cour suprême s’est prononcée le lundi 1er avril, pour la fin des privilèges des ultra-orthodoxes, et notamment de leurs bourses d’études financées par l’État. C’est une décision en trompe-l’œil, aucune sanction n’étant prévue pour les réfractaires à la mobilisation. Et puis, surtout, Netanyahou a promis aux deux partis ultra-orthodoxes qui soutiennent sa coalition qu’il proposerait une loi s’opposant à la décision de la Cour suprême avant que les budgets alloués à ces étudiants ne soient gelés.

Toutes ces contestations n’ont cependant pas encore fait naître en Israël de réel mouvement contre la guerre. Quelques jeunes refuzniks refusent la mobilisation, mais cela reste des protestations individuelles et l’État en profite pour le leur faire payer par de la prison. Le premier depuis le 7 octobre à avoir refusé de servir est un jeune de 18 ans, Tal Mitnik, qui a été condamné à une première peine de trente jours, suivie d’une autre d’un mois et encore d’une autre de 45 jours.

Une autre objectrice de conscience, elle aussi âgée de 18 ans, Sofia Orr, a été condamnée à vingt jours de prison alors qu’au même moment, sous ses yeux, des étudiants ultra-orthodoxes venaient récupérer leur lettre d’exemption. Comme d’autres refuzniks, elle ne recule pas et a déclaré à un journaliste français : « Je refuse de servir une armée d’occupation et de légitimer ce système. Je ne serai pas un rouage dans ce nouveau cycle de carnage. Nous devons montrer qu’il y a des voix de Juifs israéliens contre la guerre. » Même si cette voix est faible, pour mettre fin à cette guerre l’espoir est bien de ce côté-là.

                                               Pierre Royan (Lutte ouvrière n°2905)