lundi 29 janvier 2018

Maroc : Jerada en « mouvement »


Maroc : la mobilisation continue à Jerada

À Jerada au Maroc, la population, en particulier les jeunes, reste mobilisée à travers des manifestations régulières depuis l’accident mortel, le 22 décembre 2017, de deux jeunes mineurs dans un puits de charbon clandestin.
Vendredi 19 janvier, une grève des commerces de la ville a eu lieu le matin, et une marche de protestation l’après-midi, avant une nouvelle discussion avec un représentant de l’État. Une autre marche provinciale, samedi 20 janvier, a réuni des milliers de personnes.
Ce puits de mine appartenait aux Charbonnages du Maroc, société d’État fermée en 2001. L’exploitation de la mine avait commencé en 1936, sous protectorat français, et à l’époque tout était exporté. Mais vers le milieu des années 1990 ses dirigeants ont considéré qu’elle ne rapportait pas assez et ont fini par la fermer, sans proposer de réelles alternatives locales.
Les employés ont alors été indemnisés, mais trop peu pour survivre dans cette région sans travail, enclavée et reculée dans la montagne. Petit à petit, des anciens mineurs sont donc retournés dans les puits, ainsi que toute leur famille, sans outils appropriés, sans casques, sans masques, sans éclairage. En s’introduisant dans les galeries étroites, et cela pour quelques dizaines d’euros par jour, ils risquent leur vie et s’exposent à la maladie incurable des mineurs, la silicose.
Depuis l’accident, le gouvernement a annoncé un plan d’urgence, mais la population ne lui fait pas confiance et veut des actes. Une centrale électrique qui date de 1971, située près d’Hassi Blal, autre ville sinistrée, et qui a fonctionné longtemps avec le charbon de Jerada, vient de voir ses travaux d’agrandissement se terminer. Elle pourrait créer des centaines d’emplois mais, pour le moment, rien n’a été annoncé.
En tout cas, la population s’est organisée pour se faire entendre. Dans plusieurs quartiers de Jerada et dans les villages alentour, des représentants ont été désignés, soit près de 80 personnes, pour élaborer le cahier de revendications. Des délégués ont ensuite été choisis pour le défendre à chaque réunion avec les représentants de l’État ou de la région. Les comités de quartier décident au jour le jour de la mobilisation.
Les villageois réclament des emplois sur place et surtout ne veulent plus risquer leur vie dans les mines clandestines. Ils réclament aussi une diminution radicale des factures d’électricité et d’eau, et un service de santé assez important pour prendre vraiment en charge les anciens mineurs, malades à cause des poussières de charbon.
Les manifestants ont rapidement pris pour nom le hirak (le mouvement) de Jerada, pour exprimer clairement le lien de leur mobilisation avec la contestation sociale qui a duré plusieurs mois dans la ville d’El-Hoceima, située plus au nord-ouest du pays. D’El-Hoceima à Jerada, le mécontentement a les mêmes causes et, heureusement, les luttes des uns en encouragent d’autres.

                                                   Malika FARES (Lutte ouvrière n°2582)

dimanche 28 janvier 2018

Argenteuil : Eva TICHAUER, survivante des camps, Salut et fraternité à notre centenaire !


Elle vient d’avoir 100 ans avant-hier. Pour elle un grand « salut et fraternité »
Eva TICHAUER

Un article de l’Argenteuillais d’il y a quatre ans, dans la série « Portraits d’Argenteuillais : Eva Tichauer »



Eva Tichauer ? Une rayonnante femme de l’ombre. Rescapée des camps d’extermination nazis, elle n’a cessé de raconter l’horreur. Sobrement. À l’image de ses engagements, notamment politiques.

Bio

1918 : naissance à Berlin

1942 : rafle du Vélodrome d’hiver

1944 : libération des camps nazis

Années 70 : installation à Argenteuil

Les faits, rien que les faits. Plus de trente mois de déportation durant la Seconde Guerre mondiale. Relatés pendant des dizaines d’années devant collégiens et lycéens, à l’occasion du Concours national de la Résistance et de la Déportation. Pour ne pas oublier. Eva Tichauer n’est pas adepte des récits larmoyants. Naissance à Berlin, en 1918, dans une famille « socialiste, francmaçonne et juive ». Le père est avocat et notaire. Quand Hitler accède « légalement » au pouvoir en 1933, la famille se réfugie en France et pense avoir trouvé une nouvelle patrie, « surtout avec le Front populaire », souligne Eva. Mais après avoir été naturalisée en 1937, la guerre et la prise de pouvoir par Pétain privent la famille de sa nouvelle nationalité. Le père d’Eva, arrêté par les nazis en décembre 1941, est déporté. Sans retour. Le 16 juillet 1942, la rafle du Vel’ d’Hiv’ mène Eva et sa mère au camp de Drancy. Puis vers les camps d’Auschwitz- Birkenau. « Dès notre arrivée, Maman a été gazée ». L’émotion affleure, contenue, Eva s’agrippant à des dates, bouées flottant au milieu des souvenirs dramatiques.

« J’avais commencé des études de médecine, je parlais bien sûr allemand. Cela a grandement contribué à me permettre de rester en vie », préciset- elle. Affectée à l’infirmerie, les moyens sont dérisoires. Elle étudie aussi la présence de caoutchouc naturel dans les pissenlits. Qu’elle aurait pu bouffer par la racine. Si ce n’était une résistance hors norme qui préserve encore cette vieille dame de 96 ans. Pleine d’humour, elle envoie des mèls à l’autre bout du monde et écoute Luis Mariano sur Deezer*.

Retour à son limpide récit dans les marécages de l’Histoire. 1941, l’Armée rouge avance. Les nazis évacuent les camps. Direction Ravensbrück et les êtres qui continuent de « disparaître au fur et à mesure », lâche-t-elle laconique, mais sans froideur, juste pudique. Dans la gamelle, un peu de soupe aux épluchures de pomme de terre, parfois une ration de pain noir avec un peu de margarine. « Je me rappelle de ça », comme surprise de voir ce détail pris dans le tamis de sa mémoire. Puis une longue errance jusqu’aux bords de l’Elbe mais à l’issue enfin heureuse. 8 et 9 mai 1945 : l’Allemagne nazie vient de capituler, sans condition.

Retour en France, sans domicile et sans un sou. Eva Tichauer parvient tout de même à terminer ses études de médecine mais face à l’urgence, rejoint l’hygiène scolaire et universitaire, nouvellement créée au sein de l’Éducation nationale. Responsable des départements de la Manche, puis de la Gironde, elle y adopte ses deux enfants. Membre du Parti communiste depuis la Libération, elle milite « mais n’a jamais voulu être permanente du parti », quitté en 1995. Après Nanterre, elle terminera sa carrière à Argenteuil, à la tête du bureau d’hygiène. Retraitée, après un crochet à Marseille, elle est revenue à Argenteuil en début d’année, pour se rapprocher de ses enfants. Avec toujours le désir de transmettre ce passé pour construire l’avenir. « Cela ne doit pas se reproduire. Mais quand on voit le monde tel qu’il est : terrorismes, guerres, commerce des armes, alors que certains meurent de faim. On en vient à douter de voir émerger un homme meilleur », déplore Eva Tichauer. Qui rappelle, un rien fataliste, le poids de ses 96 ans... La sagesse est-elle question d’âge ou de vécu ? Sachons en tout cas rester humbles face à un tel destin…

* Service d’écoute de musique en ligne.

                                S.Le.

Argenteuil commerce : marché Héloïse annulé


De quoi être écœurés

 
A 17 heures hier, je suis allé sur place, il n'y avait vraiment pas péril en la demeure
C’est pour certains avec un vif sentiment d’écœurement que les commerçants du marché Héloïse ont appris l’annulation du marché de ce dimanche, en raison de la situation de la Seine.
         Pourquoi cette annulation se demandent-ils alors que la crue actuelle est inférieure à la précédente du même type, lors de laquelle le maire d’Argenteuil, après un temps de tergiversation, avait finalement décidé de maintenir le marché.
         Il faut savoir que le terre-plein du marché est déjà plus haut due la RD311 par exemple.
         Pourquoi un état des lieux et des prévisions n’a-t-il pas été fait hier à 16 heures ?
         En attendant, les commerçants alimentaires de frais en particulier, se retrouvent avec une marchandise qui leur reste sur les bras.
         Il y effectivement de quoi être écœuré.


Notre permanence du dimanche matin de 10 heures 30 à midi est reportée du marché Héloïse à l’Intermarché du centre, à côté de la basilique. Il nous permettra de discuter aussi de l’avenir de ce petit centre commercial de quartier.

Argenteuil, conseil municipal et foyer de jeunes travailleurs Daniel Féry


Sorti du chapeau

Lors du dernier conseil municipal, un point portait sur l’attribution d’une subvention au titre de… 2017 (!) au bénéfice de l’association qui gère depuis des années le foyer de jeunes travailleurs Daniel Féry. Un des considérants de la délibération affirmait que : « (LAssociation en question) … permet notamment d’offrir aux jeunes entre 16 et 30 ans un logement temporaire à des prix modérés… ».
         Le hic, c’est que cette situation relève du passé puisque le bâtiment a été vendu par AB Habitat, en toute discrétion publique, à une structure dénommée « Batigère », qui en a confié la gestion à une autre association !
         On aimerait connaître les conséquences de ce changement radical sur les jeunes qui y logent, et sur les jeunes familles qui y habitaient.

Adolescent, mort au métro Charonne de l'action sanglante des "forces de l'ordre", le 8 février 1962, à l'occasion d'une manifestation contre l'OAS



















PSA : les crues et celles des profits


Inondations : les salaires prennent l’eau


En raison des crues du Doubs, lundi 22 janvier, l’usine de production de systèmes d’échappement Faurecia, à Mandeure, a été inondée. L’arrêt des approvisionnements a eu pour effet que la direction de PSA Sochaux fasse chômer l’équipe d’après-midi des deux chaines de production dès le lendemain.
Pour récupérer sa production, la direction de PSA décidait, mercredi 24 janvier, de faire travailler l’équipe du matin le samedi suivant, en payant royalement une prime dite « de prévenance tardive » de 14 euros. Quant aux ouvriers mis en chômage le mardi après-midi, les intérimaires perdront une journée de salaire sur leur paye de janvier, et, ceux en CDI la prime de transport et de repas, soit entre 12 et 15 euros.
Excepté les inondations, la direction PSA a tout prévu pour que sa production ne coule pas... en faisant payer aux travailleurs le maintien de ses profits.