samedi 12 novembre 2016

Bavure policière : « justice pour Adama ! ». Un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière de cette semaine.




Bavure policière : « justice pour Adama ! ».

Samedi 5 novembre, à Paris, une manifestation s’est déroulée de Châtelet à République, pour réclamer « justice pour Adama ». Les manifestants étaient évalués à un millier.
Rappelons les faits : le 19 juillet, Adama Traoré était interpellé par des gendarmes à Beaumont-sur-Oise, en grande banlieue parisienne. En fait ce n’est pas lui qui était visé, mais son frère. Adama n’avait rien à se reprocher mais, dépourvu de papiers, ce serait la raison pour laquelle il se serait enfui. Il aurait ensuite été rattrapé par les gendarmes, chez lui. Et à partir de ce moment on ne sait pas trop ce qui s’est vraiment passé.
Selon les gendarmes, Adama aurait été roulé dans un drap, immobilisé et plaqué au sol, ventre contre terre et poignets menottés. Pour ce faire, trois gendarmes se seraient assis sur lui. Adama se serait alors plaint d’avoir du mal à respirer.
 Les gendarmes prétendent l’avoir ensuite placé en PLS, position latérale de sécurité, c’est-à-dire sur le flanc de façon à pouvoir respirer. Version contredite par un pompier chef d’équipe de Persan, venu sur les lieux pour tenter de le ranimer. Selon lui, Adama n’était pas en PLS, mais bien sur le ventre. Toujours est-il qu’il est mort à ce moment-là, très probablement étouffé. Une première autopsie puis une seconde ont toutes les deux conclu à la mort par asphyxie, sans se prononcer sur les causes.
Le procureur de la République de Pontoise a tenté de prendre la défense des gendarmes en invoquant chez Adama une infection très grave que ne mentionnent pas les autopsies, sans invoquer l’asphyxie. Cela a provoqué un tollé et ledit procureur a été muté. Les gendarmes, très vraisemblablement responsables d’une bavure, ne sont toujours pas mis en cause. Pour la famille d’Adama Traoré, pour tous ceux qui s’en sentent solidaires, le combat pour la vérité et la justice continue.

                                        André VICTOR (Lutte ouvrière n°2519)



On peut nous retrouver ce week-end, aujourd’hui de 10 heures 30 à 12 heures à notre emplacement du centre commercial Joliot-Curie, et demain dimanche de 10 heures 30 à midi au marché Héloïse.

vendredi 11 novembre 2016

Après les élections américaines, un communiqué de Nathalie Arthaud



Trump emporte l’élection ; pour les travailleurs, la guerre de classe continue
Communiqué

La victoire de Trump a déjoué la plupart des pronostics. Clinton était la favorite des milieux d’affaires et des médias. Mais ce n’est pas le meilleur brevet aux yeux des électeurs des classes populaires ! Au cours des huit dernières années, celles-ci ont vu les inégalités se creuser et leur niveau de vie se dégrader. C’est ce que paye Clinton, ex-sénatrice, ex-ministre et toujours amie des riches. 
Trump s’est fait élire en se présentant comme le candidat anti-système ; quelle escroquerie, pour un magnat de l’immobilier multimilliardaire ! Il s’en est pris aux Hispaniques, aux musulmans, aux Noirs, contribuant ainsi à diviser le monde du travail. Ce démagogue a promis de doubler la croissance, de rétablir les emplois perdus, de construire des hôpitaux et de réparer les routes. Mais comme tous les politiciens, il fera ce que la bourgeoisie exige. Et pas plus qu’aucun autre, il ne sortira l’économie capitaliste de la crise, tout milliardaire qu’il soit. 
Ceux des travailleurs américains qui ont voté Trump en espérant que leur condition s’améliore en seront pour leurs illusions. En même temps, le camp des travailleurs n’était pas représenté dans cette élection et la défaite de Clinton n’est pas la sienne. Il reste donc au monde du travail à se faire entendre sur son propre terrain, celui de la lutte de classe. Par le passé, les travailleurs américains ont mené des luttes sous des présidents aussi antiouvriers que Trump, qu’ils soient Démocrates ou Républicains. Et ce n’est pas la victoire de ce patron de combat, aussi réactionnaire soit-il, qui les empêchera de se battre.
                                     
 Nathalie ARTHAUD, le 9.11.16.

Manifestation de travailleurs du Trump Taj Mahal, ancien casino de Donald Trump, à Atlantic City, dans le New Jersey, en juillet 2016 (UNITE HERE Local 54)

Editorial des bulletins Lutte ouvrière d'entreprise de ce mercredi 9 novembre 2016



Trump l’emporte sur Clinton : un cirque électoral où le capital gagne à tous les coups

La victoire de Trump aux élections américaines a déjoué la plupart des pronostics. En France bien des journalistes et des politiciens cachent mal leur dépit de voir un candidat ayant fait une campagne aussi démagogique parvenir à l’emporter.
Mais toute une partie de la population qui vote traditionnellement pour les Républicains, s’est reconnue dans le discours anti-mexicain ou anti-musulman de Trump et n’est certainement pas fâchée de voir tourner la page d’un président noir qu’elle n’avait pas accepté. L’électorat évangélique, très conservateur et traditionnellement républicain, se pinçait le nez pour voter Trump, un homme marié trois fois, et manifestement plus prédateur sexuel que grenouille de bénitier. Mais l’aversion pour les Démocrates l’a emporté.
Trump l’a aussi emporté dans des États industriels du Midwest, non seulement l’Ohio, un des « swing states », un État basculant tantôt du côté républicain, tantôt du côté démocrate, mais aussi dans le Michigan, traditionnellement acquis aux Démocrates. Dans ces États, les fermetures d’usines se sont multipliées et la condition ouvrière s’est dégradée. Même les salariés qui gardaient leur emploi ont souvent vu leur contrat de travail renégocié à la baisse, en termes de régime de retraite ou de salaire. La campagne démagogique de Trump pour le protectionnisme et contre les « délocalisations » a porté.
 Trump a également repris des thèmes du mouvement contestataire « Occupy Wall Street », contre le « système », en dénonçant par exemple la hausse des cotisations qui a accompagné la réforme de l’assurance-maladie dont Obama est si fier. Dans ces États, les hommes blancs ont largement voté pour Trump ; par exemple, deux tiers des hommes blancs de l’Ohio ont voté pour Trump, contre seulement un tiers pour Clinton ; dans le Michigan, 64 % des hommes blancs auraient voté pour Trump, 28 % pour Clinton.
 Certes, 88 % des Afro-Américains et 65 % des Hispaniques auraient voté pour Clinton. Mais ils ne représentent qu’une minorité de  l’électorat, et ils ne se sont pas mobilisés plus massivement pour la championne de Wall Street. Toute une partie de la population, notamment sa fraction la plus pauvre, ne vote pas : soit elle n’est pas inscrite sur les listes électorales, soit elle n’en a pas le droit après une condamnation, ce qui est le cas pour six millions de personnes. Soit encore qu’elle ne voit pas d’enjeu dans l’élection présidentielle. Le 8 novembre, moins de 60 % des Américains en âge de voter l’ont fait. Trump a donc été élu avec quelque 60 millions de voix, sur environ 230 millions de personnes en âge de voter.
Hillary Clinton était la chouchoute des milieux d’affaires et des politiciens européens. Mais ce n’est pas le meilleur brevet aux yeux des électeurs des classes populaires ! Les Démocrates ont été au pouvoir au cours de 16 des 24 dernières années, dont les huit dernières, et l’électorat a vu les inégalités se creuser et son niveau de vie se dégrader. Clinton était particulièrement associée à cette politique. Déjà en 2008, Obama, alors un inconnu, l’avait sèchement battue dans les primaires démocrates. Encore en 2016, un autre inconnu se présentant comme socialiste, Bernie Sanders, l’a emporté dans 22 des 50 États, en dénonçant Clinton comme la favorite de Wall Street.
Trump s’est fait élire en se présentant comme le candidat anti-système ; quelle escroquerie, pour un magnat de l’immobilier ! Il s’est présenté comme le garant d’un meilleur avenir pour le peuple américain ; quelle comédie ! Dans son discours de victoire, il a promis de doubler la croissance, de rétablir les emplois perdus, de construire des hôpitaux et de réparer les routes ; quel cinéma ! Comme tous les politiciens, Trump fera ce que la grande bourgeoisie exigera de lui. Et pas plus qu’aucun autre, tout milliardaire qu’il est, il ne dominera l’économie capitaliste.  
Pendant sa campagne, Trump a multiplié des promesses démagogiques qu’il ne tiendra pas.
Il a promis de mettre fin à l’immigration clandestine. Si son succès reflète une progression de la xénophobie, il risque aussi de l’exacerber. Trump peut prendre des mesures symboliques, comme le renforcement du mur à la frontière mexicaine. Mais il y a sans doute onze millions d’étrangers sans-papiers aux États-Unis, et toute une partie des entreprises, y compris celles de l’empire Trump, fonctionnent avec des étrangers sous-payés et n’ont pas l’intention de s’en priver. Les expulsions, déjà très nombreuses sous Obama, vont peut-être se multiplier, et la vie des immigrés sera sans doute plus dure, mais l’immigration ne va pas cesser : la bourgeoisie en a trop besoin.
Trump a fait du protectionnisme son cheval de bataille, en promettant de ramener des emplois aux États-Unis. La bourgeoisie américaine souhaite bien sûr que son marché intérieur soit protégé et, dans une certaine mesure, l’État fédéral mène déjà la guerre commerciale. Mais les grandes multinationales tiennent également à pouvoir accéder à de nombreux marchés étrangers. La Chambre des représentants et le Sénat sont majoritairement républicains et acquis au libre-échange. Et Apple ne fera pas produire ses iPhone et ses iPad dans le Midwest, plutôt qu’en Chine !
Ceux des travailleurs américains qui ont voté pour Trump en espérant que leur condition s’améliore en seront donc pour leurs illusions.
En même temps, le camp des travailleurs n’était pas représenté dans cette élection présidentielle.  Même si les dirigeants syndicaux appelaient à voter Clinton, sa défaite n’est pas celle du monde du travail. Celui-ci devra donc se faire entendre sur son propre terrain, celui de la lutte des classes. Par le passé, les travailleurs américains, les Noirs en particulier, ont lutté sous des présidents aussi anti-ouvriers que Trump, qu’ils soient Démocrates ou Républicains. Et ce n’est pas la victoire de ce patron de combat, aussi réactionnaire soit-il, qui pourra les empêcher de se battre.