jeudi 28 avril 2016

Argenteuil, "la sociologue et l'ourson", 3000 nuits, non à la censure !



Non à la remise en question des « libertés » à Argenteuil

L’acte de censure du maire d’Argenteuil, G. Mothron, a fait le « buzz » dans les journaux et les médias ces dernières heures. Il y a de quoi. La décision de déprogrammer « La sociologue et l’ourson » portant sur la «manif pour tous », et « 3000 nuits » qui raconte l’incarcération d’une jeune palestinienne dans une prison israélienne, est scandaleuse et doit être rapportée.
         Pour le maire d’Argenteuil, ces deux films auraient fait « polémiques » et cette déprogrammation est même un « non-sujet ». Selon lui, ces projections étaient susceptibles de provoquer des incidents de la part de détracteurs !
         Pour rappeler des éléments de censure cinématographique d’un passé pas si éloigné, le Chagrin et la pitié sur la France de Vichy, ou Octobre à Paris  sur le 17 octobre 1961 furent peut-être, selon ce raisonnement, des non-sujets !
         En tout cas, après s’être totalement dévoué pendant des semaines dans l’affaire de la tunique locale, le maire d’Argenteuil organise quelques semaines plus tard la censure de deux films. Voilà deux attitudes opposées mais qui vont dans le sens de la même politique.
           Quant aux réactions de possibles détracteurs de ces deux films, ils valent pour bien d’autres sujets et ce « risque » est aussi un élément de la « démocratie ». En l’occurrence, on ne voit même pas à quels risques le maire d’Argenteuil fait allusion.
         La question est donc de dire non haut et fort à cette censure, et de faire respecter la liberté de conscience, de réunion, et d’expression, à Argenteuil, des libertés qui sont aujourd’hui remises localement en question.
         Aux habitants de s’exprimer massivement maintenant pour qu’elles soient respectées.



Argenteuil et la censure : une drôle d'"image"



Il y a quelques semaines, le maire d’Argenteuil faisait de la mousse en partant en guerre contre la déplorable « image » d’Argenteuil donnée par certains médias et certains « politiques » suite l’arrestation dans la commune d’un homme suspecté de préparer un attentat et qui y avait loué une cache d’armes.
         Aujourd’hui, sur la base de la lecture des nombreux articles parus sur la déprogrammation des deux films, une « déplorable » image de la Ville est donnée largement par le même.
         Sous son premier mandat, l’affaire du « Malodor » dont il portait en tant que maire la responsabilité n’en avait pas donné également une fameuse. Il récidive aujourd’hui.
         Fin mars, après l’arrestation du bandit en question, il avait fait mine de se faire de la pub sur cette question d’image, s’affirmant solidaire des habitants qui avaient pris des initiatives sur le sujet pour dénoncer le rôle des détracteurs de cette ville de banlieue.
         Après la présente affaire de censure, que pense-t-il maintenant de cette question « d’image » de la ville dont il est maire ?


Pour le retrait de la Loi El Khomri


A Paris

Grande Manifestation

Ce jeudi 28 avril

A 14 heures

Place Denfert-Rochereau

Lanceurs d'alerte : à bas le secret des affaires !



Lanceurs d’alerte : à bas le secret des affaires !

Pour avoir révélé un détournement fiscal à grande échelle vers le Luxembourg, Antoine Deltour risque des années de prison et plus d’un million d’euros d’amende. Et cela même si les faits qu’il a dénoncés sont reconnus comme vrais par tous, à commencer par les gouvernements concernés. Mais le crime qu’on lui reproche est d’avoir violé le secret professionnel et le secret des affaires pour faire connaître une vérité qui gêne les grandes sociétés.
         De nombreux « lanceurs d’alerte » comme lui ont dû faire les frais de l’acharnement des entreprises dont ils dénonçaient les pratiques. Celles-ci peuvent s’appuyer sur des bataillons d’avocats et d’hommes de loi pour contraindre le récalcitrant au silence en le menaçant de procès sans fin, et de toute façon la moindre des sanctions est le licenciement. Ainsi Stéphanie Gibaud, ancienne cadre de la banque UBS qui avait dénoncé en 2009 un scandale de fraude fiscale de sa société pour faire passer en Suisse l’argent de riches clients, a passé sept ans de sa vie à se battre contre son employeur. Harcelée, puis licenciée, elle n’a pas retrouvé de travail dans le secteur, étant désormais sur la liste noire.
         Ce secret n’épargne aucun secteur de la société capitaliste. Dans le domaine de la santé par exemple, la docteur Irène Frachon, qui révéla les centaines de morts causées par le Médiator, a rappelé comment le cardiologue marseillais qui le premier avait pris conscience du problème avait été contraint au silence pendant de longues années par le laboratoire Servier. Lorsqu’il parla, il fut attaqué en diffamation, ainsi qu’un journaliste de l’émission Envoyé spécial qui avait dénoncé la stratégie d’intimidation exercée par Servier.
         La loi du silence est une des règles de la société capitaliste pour tout ce qui se passe à l’intérieur des entreprises. Elle permet de faire du profit à tout prix, en vendant des médicaments dangereux ou en plaçant des dispositifs d’évasion fiscale, en truquant les tests sur les voitures ou en camouflant la composition d’un aliment vendu en grande surface. Mais elle permet aussi d’interdire aux travailleurs l’accès aux comptes de leur entreprise afin de justifier des licenciements ou de leur cacher des fermetures d’usine prévues des années à l’avance. Elle permet, plus généralement, de camoufler l’exploitation des travailleurs.
         Pour le plus grand bien de la société, il faudrait mettre fin à ce secret des affaires qui ne sert que les capitalistes. Tous les travailleurs pourraient alors être des « lanceurs d’alerte ».

                                      D. M. (Lutte ouvrière n°2491 à paraître)