mercredi 26 février 2014

Le camp des travailleurs : échos de campagne au Val-Nord



Table de discussion de notre liste au Val-Nord hier au soir

Le soir, discussions à l’heure où des travailleuses et des travailleurs de retour du travail vont faire les courses du soir au supermarché du quartier.
     Ce qui revient  dans ces discussions, ce sont les conditions de travail, les horaires à rallonges parce qu’il faut faire le travail supplémentaire que l’on pourrait répartir à d’autres travailleurs au chômage, les transports ferroviaires qui fonctionnent mal, et c’est dramatique lorsqu’il faut traverser Paris parce que l’entreprise a délocalisé de l’ouest au sud. C’est les bas salaires qui permettent tout juste d’aller rejoindre la paie du mois suivant. C’est le travail que l’on cherche. C’est le logement qu’il faudrait parce qu’être hébergé par ses parents avec son enfant n’est pas facile. Dans ces discussions d’Argenteuil, on est loin des « problèmes d’Argenteuil » que l’on cite seulement pour évoquer les ravages du clientélisme.
      Et quand on évoque qu’il faut faire entendre « le camp des travailleurs » cela résonne dans la conscience de nos interlocuteurs. Ce qu’ils nous ont répété ce soir-là effectivement, c’était les préoccupations de leur monde, de leur classe, de leur camp, le nôtre, des préoccupations vitales que nous voulons faire entendre à l’occasion des élections qui viennent. DM

Bulletin d'entreprise Luttte Ouvrière de cette semaine de l'usine Snecma-Safran de Gennevilliers



VIRONS DE BORD
Vendredi dernier, la direction Snecma a gardé le cap à 1 % d’augmentation pour 2014. Les propositions naviguent toujours à la même longitude.
Elle jette cependant un voile sur les 22 % de croissance des bénéfices.
Elle maintient donc la barre, direction perte de salaire. Nous devons couler ses plans en arrêtant tous de ramer. Jeter l’ancre sera le moyen de la contraindre à partager ?
LA JOURNÉE DE LA JUPE
Aux Mobiles, à IUT, « Monsieur 20 minutes » critique certaines tenues vestimentaires. Il a voulu interdire à une collègue le port de la jupe. Du coup, par solidarité, plusieurs femmes du secteur sont venues le lendemain en jupe, et certains hommes parlent de venir en kilt.
Ce qui est sûr c’est qu’il n’aura pas le même courage envers la nouvelle chef de l’atelier.
EFFET DE MANCHOT
Pour le départ de « Texas Rangers », « Guacamole » a revêtu sa robe d’avocat pour faire un plaidoyer élogieux de son supérieur. La tenue de « baveux » a l’air de vraiment lui manquer.
S’il veut se promener dans l’usine ainsi habillé pourquoi pas, mais mieux vaut qu’il évite « Monsieur 20 minutes ».
DES AUGMENTATIONS UNIFORMES
La direction générale Safran aurait distribué environ 460 millions d’euros l’année dernière. Cela représente à peu près 7 000€ par an pour les 65 000 travailleurs du groupe.
Ce sont donc 560€ mensuels qui ont été perdus dans les poches des plus privilégiés.
Loin des 1 % que la direction nous propose.
C’EST LUI QUI NOUS COÛTE
Dans une réunion IKS, « Pige pas vite » en a fait des caisses en répétant comme un perroquet le message de ses chefs. Nous serions, d’après lui, trop chers et pas assez compétitifs. Un peu lourd le gars ! Si on suit sa logique, il faut qu’on arrête de perdre notre temps à l’écouter dire des inepties.
LES FREDDY DE LA FONDERIE
Lorsque vous devenez « Big chef » à la Fonderie, c’est dingue mais vous êtes pris de démangeaisons au bout des ongles.
Une frénésie de grattage vous prend et faut que vous arrachiez toutes les affiches que vous croisez. Après « Le Communiant », « Louis XVI » n’échappe pas à la contagion.
MÉPRISANTE ET MÉPRISABLE
Plus d’un milliard de bénéfices en 2013, c’est ce que nous a annoncé jeudi la direction générale Safran sur nos boîtes mails.
Une telle annonce à la veille de la réunion sur les salaires 2014, prouve qu’elle n’a vraiment que faire de nos états d’âme.
Elle n’en tient compte que lorsque notre colère s’exprime avec des arrêts de travail.
EXTRA-PAUL OU SUPER MARIO
Pour tous ceux qui pensaient que les femmes étaient sujettes aux discriminations salariales, « Guacamole » répond qu’ils ou elles extrapolent.
Pour lui, ce ne serait que le fruit de l’imagination de cerveaux pervers, car pour lui tout est normal ! Pourtant même la direction publie des chiffres dans ce sens. On se demande vraiment qui a un encéphale détraqué.
PDG Á VIE
Herteman a commencé, paraît-il, sa campagne pour être renouvelé à son poste. La place est bonne et il veut la garder. Avec 1,5 millions d’euros de salaire par an, il est prêt à tous les croche-pieds contre les « en vieux ».
Un combat de coqs pour une même politique… et surtout une retraite chapeau en perspective.
GÉOMÉTRIE INVARIABLE
La direction a nommé un comité de pilotage pour décider comment dépenser les millions qu’elle dit vouloir investir sur le centre. Qui est dans ce comité ? Eh bien tous les directeurs de CEI, celui de l’établissement et certains de la direction générale.
Des pilotes qui ont tous le même but : dépenser largement quand il s’agit de production, et pinailler pour nos conditions de travail.
Ça s’annonce mal !!!!
PHOTOS MATONS
Dans INSITE, la direction présente son gouvernement d’entreprise Safran. Á la vue des 4 photos des dirigeants cela ressemble plus à un « remake » des tontons flingueurs….. de nos salaires.
POPSTAR
Voilà maintenant venu le POPSSE (Plan Opérationnel de Progrès Santé Sécurité Environnement).
Une fois finie l’appellation, on manque de souffle. La direction quant à elle, n’en manque pas.
Même si elle change le nom à rallonge, elle ne nous en donne plus pour autant.
Et notre santé au travail se dégrade toujours.

mardi 25 février 2014

L’extrême-gauche, c'est celle qui combat le gouvernement aux ordres du grand patronat

Interrogé par un dénommé « Bondy blog », selon ce que rapporte le site local « la tribune d’Argenteuil », le maire-candidat à sa succession aurait déclaré que sa liste allait « du centre à l’extrême-gauche ».
      Du centre, très certainement puisque le Modem local s’est rallié à sa candidature. Quant à l’  « extrême-gauche », on attend de savoir, avec la publication prévue in extremis de la liste du maire sortant, si quelque transfuge de celle-ci n’y figurera pas, tout est possible.
     Les caractéristiques telles que celle « d’extrême-gauche » n’appartiennent à personne, et par les temps qui courent où la « gauche » poursuit la politique de la « droite », nous savons combien ces qualificatifs politiques et spaciaux sont sujets à caution.
      En revanche, une certitude. Il y a ceux, rares peut-être, qui dénoncent le gouvernement actuel comme patronal, ce que résume un slogan de nos affiches : « faire entendre le camp des travailleurs contre la bourgeoisie et ses serviteurs » politiques ». Pour reprendre ce terme d’ « extrême-gauche » qui nous va très bien, pour nous, il ne peut que caractériser des militants qui combattent sur cet axe anti-patronal et anti-gouvernemental. Et c’est bien pourquoi nous avons décidé, partout, sans aucune alliance, de présenter des listes autonomes « Lutte Ouvrière faire entendre le camp des travailleurs », pour mener campagne sur cet axe. Liste que je mène sur la localité. DM

SNCF :Précieux ridicules !

La SNCF vient d’annoncer aux usagers de certaines lignes de la gare Saint-Lazare une petite indemnisation pour la galère de ces derniers mois sur ces lignes. C’est bien la moindre des choses.
      Ce qui est cocasse, c’est la formule centrale de son courrier : « Depuis plus de 12 mois, l’accroissement des incidents dus à des causes internes maîtrisables par la SNCF portant sur les infrastructures et la disponibilité des trains a fortement dégradé… ».
       Ce charabia ampoulé nous rappelle quelques passages de Molière.
       Plus prosaïquement, les usagers d’Argenteuil et d’ailleurs exigent que la SNCF maîtrise son affaire : voies en bon état, et nombre de trains nécessaires, pas la peine de tourner autour du pot !
       Ils veulent pouvoir être transportés correctement, et chaque jour.

lundi 24 février 2014

Editorial des bulletins Lutte Ouvrière d'entreprise du 24.02.14.



L’Ukraine et ses sauveurs autoproclamés

Les milliers de manifestants qui se sont soulevés à Kiev et en ont payé le prix du sang ont précipité la fuite et la destitution de Ianoukovitch. On ne peut que se réjouir de la chute de ce président corrompu capable de tirer sur son propre peuple.
         Mais est-ce que la population d’Ukraine aura droit à une évolution démocratique ? Si la population aspire à mettre fin au règne de ces crapules qui se succèdent au pouvoir depuis que le pays est indépendant, elle ne doit pas compter sur les forces politiques qui sont à l’œuvre.
Il y a dix ans, la population avait déjà renversé le pouvoir en place, avec ce qui fut appelé « la révolution orange ». Elle avait placé ses espoirs dans les partis d’opposition et fut déçue, au point de faire revenir au pouvoir un Ianoukovitch !
Faire tomber un dictateur est une chose, mais c’est maintenant que les intérêts contradictoires s’affronteront. Seules les forces politiques organisées savent ce qu’elles veulent et sont capables de peser. Ceux qui aspirent à se battre sans avoir réfléchi à la direction qu’ils veulent prendre sont voués à servir de masse de manœuvre aux autres.
Et en Ukraine, c’est peu dire que les politiciens qui se disputent le pouvoir ne représentent pas les intérêts des petites gens. Les uns agitent le rapprochement avec l’Union européenne, les autres, le nationalisme. Mais qu’ils soient pro-européens ou pro-russes, tous se préparent à gouverner pour les plus riches qui dominent l’économie, les fameux oligarques qui ont fait fortune en parasitant ou en accaparant les entreprises étatisées grâce à leurs liens avec le pouvoir.
Les Timochenko ou les Klitchko ne sont là que pour perpétuer le règne de ces oligarques. Klitchko, connu pour ses talents de boxeur, est un homme d’affaire prospère, gendre d’un ex-président ukrainien réputé pour sa cruauté et sa corruption.
Quant à Ioulia Timochenko qui dirige le principal parti d’opposition, il n’y a que les journalistes occidentaux pour la présenter comme « l’incarnation du rêve démocratique » ! Elle est née et a grandi au sein de la haute bureaucratie et a su en profiter au point d’être surnommée la « princesse du gaz ».
Sacrée femme la plus riche d’Ukraine, elle a été par deux fois Premier ministre. Et elle a gouverné comme ses prédécesseurs étalant une cupidité qui n’a rien à envier à celle d’un Ianoukovitch.
Autant la population n’a rien à attendre de ces gens-là, autant c’est sur eux que comptent les dirigeants occidentaux et Poutine pour stabiliser au plus vite la situation politique. Malgré leurs différends et leurs rivalités, ils ont hâte d’en finir avec la mobilisation et sont pressés de remplacer l’équipe de Ianoukovitch par une autre.
Mais il n’est pas dit que la situation ne leur échappe pas. Car c’est l’extrême droite qui sort renforcée de ces trois mois de mobilisation. Le Maïdan a été tenu pendant des semaines par des groupes armés d’extrême droite dont certains se revendiquent ouvertement du nazisme et misent sur le chauvinisme, y compris à l’intérieur du pays, contre les russophones, les Juifs, les Roms, les minorités en général.
Et ce sont eux qui profitent actuellement de la vacance du pouvoir pour s’installer, qui dans les commissariats, qui dans les mairies, et se sont autoproclamés garants du maintien de l’ordre. Leur politique consiste à dresser les gens les uns contre les autres en fonction de leur langue ou de leur religion. Et au-delà du risque de la partition de l’Ukraine, cette politique peut pousser la population vers une impasse sanglante.
La vitesse avec laquelle la Yougoslavie s’est décomposée et a plongé dans l’ignoble épuration ethnique montre que l’engrenage est toujours possible et qu’une fois lancé par les démagogues, il est bien difficile de l’arrêter.
L’avenir n’est pas écrit, mais il appartient aux forces politiques organisées. Face à l’impasse que constitue le retour de personnages ressemblant comme deux gouttes d’eau à Ianoukovitch et face à la menace que recèlent les agissements des forces nationalistes d’extrême droite, la population et les travailleurs n’ont d’autre choix que de s’organiser, de se rassembler et de faire prévaloir une politique qui leur soit favorable.
      La chute de Ianoukovitch, comme celle de Ben Ali ou de Moubarak, démontre que, quand une population est déterminée à s’opposer à un pouvoir corrompu, elle en a les moyens. Si les travailleurs sont décidés à ne pas se laisser faire, ils en ont la force, à condition qu’ils soient capables d’affirmer leurs exigences contre les oligarques et les grandes puissances et de peser sur la vie politique dans le sens de leurs intérêts.