Un
article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière
Budget 2019 : au plus grand
profit de la bourgeoisie
L’Assemblée nationale a commencé
lundi 14 octobre l’examen du projet de loi de finances 2019, avec 2 000
amendements à la clé.Le gouvernement déclare que son projet est destiné à «
ceux qui travaillent ». Mais dans les faits il accélère les coupes dans les
dépenses publiques et amplifie les cadeaux au capital.
Dans sa présentation, le ministre
des Comptes publics a mis en avant la poursuite de la baisse de la taxe
d’habitation, que tous les locataires n’ont pas vraiment constatée. Il met en
exergue le petit coup de pouce donné aux heures supplémentaires alors que bien
des travailleurs voudraient déjà simplement avoir un travail, et à temps plein
pour pouvoir espérer en vivre. Les prétendus six milliards de baisse d’impôts
annoncés par Darmanin sont largement compensés par les hausses de tous les
prélèvements, de la CSG aux taxes sur l’essence.
Tout ce qui, dans les dépenses
budgétaires, sert à la population est en baisse. Ce sont d’abord plus de 4 100
suppressions de postes dans la Fonction publique, dont 1 800 à l’Éducation
nationale, 1 600 au ministère du Travail, en particulier à Pôle emploi. Elles
s’ajoutent à la réduction drastique du nombre d’emplois aidés, moins 70 000 dès
l’année prochaine. Et le gouvernement promet d’aggraver encore la tendance avec
120 000 suppressions de postes d’ici la fin du quinquennat.
Sous prétexte de résorber le
déficit, le gouvernement a décidé de faire des économies massives sur tout, les
pensions de retraite, les aides personnalisées au logement amputées d’un
nouveau milliard d’euros. Les diverses allocations ne suivront même pas la
hausse officielle de l’inflation.
Mais cette nécessité de combler
le déficit de l’État que le gouvernement présente comme un impératif
incontournable pour justifier les suppressions d’emplois et de services utiles
à la population, devient très secondaire lorsqu’il s’agit de distribuer des
faveurs aux plus riches.
Le budget 2019 prévoit ainsi
d’augmenter de 1,7 milliard les dépenses du ministère des Armées, pour financer
l’achat d’engins de mort dernier cri.
La bourgeoisie peut se réjouir de
ce budget qui va se traduire par la transformation du crédit d’impôt
compétitivité emploi (CICE) en baisse de charges pérenne. Cette simple mesure
va coûter 40 milliards d’euros cette année, l’équivalent des quatre cinquièmes
du budget de l’Éducation nationale. Le patronat touchera non seulement le
remboursement du CICE pour 2018, mais va bénéficier en sus de la baisse des
charges à partir de janvier 2019. Cerise sur le gâteau, l’impôt sur les
sociétés devrait passer de 33,3 % à 31 % au cours de l’année.
L’État, que certains continuent
de présenter comme le garant d’une forme de redistribution, montre à travers ce
budget qu’il est là pour servir d’abord les plus riches, et de façon de plus en
plus ouverte, aux dépens de l’ensemble des classes populaires.
Gilles BOTI (Lutte ouvrière n°2620)
Un ministre à la niche, mais qu'elle soit de taille, une vraie !
Selon le quotidien Ouest-France,
un amendement voté contre l’avis du gouvernement prévoyait pour ce budget une
réduction de 5 euros par nuit pour les particuliers hébergeant des réfugiés. Il
avait été proposé par une cinquantaine de députés LERM. Mais leur nouveau chef
a indiqué qu’il ne serait pas retenu dans le texte final. Selon ce monsieur peu
regardant lorsqu’il s’agit de favoriser « l’optimisation fiscale »
des capitalistes et des riches, ce petit avantage s’apparenterait à une « niche
fiscale ». En somme, il a dit à ses troupes : « à la niche ! ».
On verra bien qui parmi eux n’obtempérera pas à cette injonction lors du vote
final de ce budget 2019.