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mercredi 24 avril 2024

Nouvelle-Calédonie : mépris colonial

Nouvelle-Calédonie : mépris colonial

Publié le 17/04/2024

Samedi 13 avril, des dizaines de milliers de manifestants, entre un quart et un tiers de l’ensemble de la population calédonienne selon les décomptes, ont défilé à Nouméa, les uns derrière les opposants à l’indépendance, les autres avec les partis kanaks et océaniens.

Les manifestants s’opposaient sur la réforme du corps électoral calédonien prévue par le gouvernement Macron.

En effet, le 2 avril, le Sénat a adopté le projet de loi constitutionnelle défendu par Macron et Darmanin visant à dégeler le corps électoral calédonien. Les accords signés en 1998 avaient permis à l’impérialisme français d’associer la petite bourgeoisie et les courants nationalistes kanaks à la gestion de l’archipel, en leur réservant des places dans les institutions et en leur octroyant une certaine autonomie. Le droit de vote avait alors été restreint aux « citoyens néocalédoniens », ceux résidant sur l’archipel avant 1998 et leurs descendants, un calcul qui favorisait un peu les Kanaks, tout en les laissant minoritaires face aux Caldoches, les descendants des colons, et à leurs partis anti-indépendantistes.

Ces dernières années, les partis indépendantistes ont gagné de l’influence sur le terrain électoral, notamment dans la communauté océanienne originaire des îles voisines du Pacifique. L’écart entre le non et le oui lors des derniers référendums sur l’indépendance s’est réduit de 18 000 en 2018 à moins de 10 000 voix en 2020. Les partis nationalistes kanaks, qui dirigent deux des trois provinces de l’archipel, les plus pauvres, ont depuis 2021 la majorité au gouvernement et au Congrès de Nouvelle-Calédonie. À l’approche des élections locales qui devraient être convoquées avant la fin de l’année, la droite anti-indépendantiste compte sur les 25 000 électeurs que lui amènerait la réforme constitutionnelle pour faire basculer dans son sens les institutions calédoniennes.

La crise politique ouverte par la réforme constitutionnelle s’ajoute dorénavant à la crise économique liée à l’effondrement des cours mondiaux du nickel. Le richissime trust suisse Glencore, qui gère l’une des trois usines de l’archipel, vient d’annoncer la mise en sommeil de l’usine qu’il y gère en association avec la province du Nord et les partis nationalistes kanaks, le temps que les cours remontent. Cela représente une menace de plus sur ce secteur qui représente un cinquième de l’économie locale, plus de 10 000 emplois, et met en difficulté les finances locales.

Depuis la colonisation de la Nouvelle-Calédonie il y a 170 ans, l’État français, en s’appuyant sur les Caldoches et la bourgeoisie locale, joue sur la division entre communautés pour maintenir son emprise. Même si, dans le passé proche, il a pris soin d’intégrer la petite bourgeoisie kanake au jeu institutionnel, les Kanaks restent toujours globalement méprisés, plus pauvres, plus au chômage, moins bien logés, moins bien payés. La réforme constitutionnelle concoctée à Paris, à 17 000 km de l’archipel, est une manœuvre dans le plus bel esprit colonial, visant à garder le contrôle d’un territoire que l’impérialisme français considère comme une base avancée dans le Pacifique pour y jouer dans la cour des grands, face à la Chine et derrière les États-Unis.

                                                         Serge Benham (Lutte ouvrière n°2907)

 

lundi 22 avril 2024

Lafarge. Macron et Darmanin contre les écologistes

 

Lafarge. Macron et Darmanin contre les écologistes

Publié le 17/04/2024

Le 11 avril, neuf militants ont reçu une convocation pour un procès qui aura lieu le 27 juin prochain à Évreux. C’est la suite de la protestation organisée en décembre dernier par deux cents organisations écologistes ou syndicales contre le groupe Lafarge.

Le 10 décembre, une journée de protestation avait été organisée contre le cimentier, dénonçant à la fois l’artificialisation des sols et des soupçons de financement de Lafarge à l’État islamique (Daech) en Syrie, en 2016. À Val-de-Reuil, les militants avaient envahi le site, vidant des sacs de pigment de coloration pour béton et des barils de sable.

Quatre mois plus tard, le 8 avril, 17 personnes ont été placées en garde à vue dans le cadre d’une enquête de la Sous-direction antiterroriste (SDAT). Les arrestations ont eu lieu sans ménagement : interpellation à 6 h du matin à coups de bélier dans la porte, fusil d’assaut braqué sur le visage, passage à tabac laissant des hématomes dans les côtes, au ventre et au visage. Les militants embarqués, les yeux bandés, se sont retrouvés au quatrième sous-sol du SDAT à Levallois-Perret, dans des cellules éclairées au néon, sous vidéosurveillance et à l’isolement complet. Le zèle mis par la BRI dans cette opération a aussi frappé d’innocents voisins des militants !

Une des militantes écologistes, relâchée sans suite judiciaire, après 60 heures de garde à vue, s’est retrouvée en pleine nuit dans une rue de Paris, menottée dans le dos, les yeux bandés et sans téléphone…

Les chefs d’inculpation retenus sont démesurés : association de malfaiteurs, dégradations en réunion, séquestration. Cinq des neuf prévenus sont sous contrôle judiciaire et doivent pointer tous les quinze jours. Certains n’ont pas le droit de se contacter et ne peuvent se rendre dans l’Eure.

N’ayant pas réussi à faire interdire les Soulèvements de la terre, le gouvernement, ministre de l’Intérieur en tête, se venge et traite comme des terroristes des militants qui sont surtout des lanceurs d’alerte. Le message est clair : les industriels, du ciment, du pétrole ou de la chimie seront défendus contre ceux qui voudraient les faire cesser de polluer.

                                                      Jacques Fontenoy (Lutte ouvrière n°2907)

samedi 20 avril 2024

Israël-Iran : Netanyahou rappelle son utilité pour l’impérialisme

Netanyahou rappelle son utilité pour l’impérialisme

Publié le 17/04/2024

En bombardant le consulat iranien de Damas le 1er avril et en tuant un des plus hauts responsables de l’armée iranienne, le Premier ministre israélien Netanyahou a provoqué l’Iran, en sachant qu’il obligeait ce pays à réagir militairement. Mais ainsi, en quelques heures, Israël a pu troquer son image de bourreau des Palestiniens pour celle de petit pays menacé par l’Iran.

Pourtant, alors qu’en six mois des dizaines de milliers de Palestiniens ont été tués à Gaza, le régime iranien n’a quasiment pas réagi. Lui qui se présente comme un des plus farouches défenseurs de la cause palestinienne n’a fait que menacer Israël en paroles. Et son allié le plus puissant, le Hezbollah libanais, a eu la même attitude. Lorsqu’en janvier l’armée israélienne a tué, par une attaque de drone, le numéro deux du bureau politique du Hamas qui vivait à Beyrouth dans un quartier bastion du Hezbollah, c’était déjà une provocation. Mais malgré des discours dans lesquels le chef de ce parti annonçait qu’il ferait payer à Israël « par le sang » le prix des civils tués au Liban, les combats frontaliers entre les milices du Hezbollah et l’armée israélienne sont restés très mesurés, bien calculés de part et d’autre.

En fait, les dirigeants iraniens comme ceux du Hezbollah veulent visiblement éviter d’entrer en guerre avec l’armée israélienne, sachant que derrière elle il y a toute la puissance militaire des États-Unis. Leur propagande en faveur des Palestiniens et leurs slogans contre « Israël, le petit Satan » sont surtout un moyen de faire diversion face à la contestation sociale dans leur propre pays, tout en se donnant à bon compte une allure anti-impérialiste.

L’assassinat d’un général iranien dans le consulat de Damas était évidemment un camouflet de trop pour l’Iran. Prétendre jouer le rôle d’une puissance régionale opposée à Israël et ne pas répondre aurait été interprété comme un signe de lâcheté, voire de compromission, par toutes les populations de la région et par leurs alliés.

L’attaque d’Israël par des drones et des missiles iraniens le 13 avril était donc nécessaire pour le régime iranien, en même temps qu’elle était très mesurée. Les dirigeants iraniens ont voulu montrer leur capacité à lancer près de 300 missiles et drones capables d’atteindre Israël. Et leur interception très efficace par les armées israélienne et occidentales leur a quand même coûté un milliard de dollars.

En fait, aucun projectile n’a atteint sa cible et on a appris que l’Iran avait informé de cette attaque la Turquie, l’Irak et la Jordanie, de façon que l’information aille jusqu’aux États-Unis. Le ministre iranien des Affaires étrangères a même déclaré : « Nous avons annoncé à la Maison-Blanche dans un message que notre opération serait limitée, minime et viserait à punir le régime israélien. » Et une fois l’opération effectuée, le régime a déclaré que, pour lui, l’affaire était close et qu’il s’estimait vengé.

Il n’est pas encore dit pourtant que les dirigeants israéliens s’en tiennent là. La provocation de Netanyahou a en effet très bien réussi.

À l’unisson, les dirigeants politiques israéliens qui le critiquaient se sont rangés derrière lui. Même ceux qui, encore quelques jours avant, dénonçaient Netanyahou en accusant sa politique aventuriste de mettre en danger le pays, ont remballé leurs critiques. À l’échelle internationale, les dirigeants de toutes les grandes puissances, de Biden à Sunak et Macron, ont réaffirmé « le droit d’Israël à se défendre ». Ils n’ont pas hésité à mentir pour dénoncer le danger iranien alors que toute la tension avec l’Iran a été provoquée par Netanyahou et son gouvernement d’extrême droite.

Au fond, alors que sa politique à Gaza suscitait des critiques même de la part de son allié américain, Netanyahou leur a répondu par un rappel : que cela plaise ou non aux dirigeants occidentaux, c’est sur lui qu’ils doivent compter dans leurs manœuvres au Moyen-Orient, notamment contre l’Iran. Son État et son armée sont le bras militaire de l’impérialisme dans la région et ils feraient bien de s’en souvenir, même quand ils formulent quelques critiques.

                                                    Pierre Royan (Lutte ouvrière n°2907)

 

Les prochaines permanences prévues à Argenteuil :

-Aujourd’hui samedi 20 avril : de 10 h.15 à 10 h.55 devant Monoprix ;

-de 11 h à midi au marché de la Colonie ;

-et de 10 h.45 à 12 h.15 dans le Centre Cl de la cité Joliot-Curie ;

-Dimanche 21 : de 10 h.15 à 10 h.55, devant Intermarché du Centre ;

-de 11 h. à midi, marché Héloïse ;

--Lundi 22 avril : de 18 à 19 heures, centre cl des Raguenets à Saint-Gratien ;

-D’autres rendez-vous de campagne sont en préparation.

 

 

Toutes les semaines, l’hebdomadaire Lutte ouvrière est aussi en vente à la librairie Le Presse-papier et au Tabac-Presse du mail de la Terrasse du quartier du Val-Nord que nous remercions.

 

15 euros jusqu’au 21 avril : mdommarie@aol.com