Tunnel
sous la Manche : un autre cimetière pour les migrants
Le 22
juillet, une jeune femme érythréenne était percutée par une voiture en tentant
de rejoindre le tunnel. Quelques semaines plus tôt, une autre de 23 ans perdait
la vie dans les mêmes conditions. Moussa, un Éthiopien, a lui été retrouvé dans
un bassin de rétention du tunnel : il avait 17 ans.
Ce sont
plus de dix migrants qui sont morts ainsi depuis le 1er juin. Tous fuient
l’extrême misère qui règne dans leur pays, souvent ravagé par la guerre, et les
Éthiopiens, Érythréens et Somaliens constituent la majorité des victimes. En
plus de faire la chasse aux migrants, en les condamnant à ce que l’on appelle
la « jungle » de Calais, l’État français comme l’État britannique consacrent
toujours plus de moyens pour leur interdire l’accès au tunnel sous la Manche.
Cela ne
dissuade pas des femmes et des hommes prêts à risquer leur vie pour passer. En
revanche, cela a servi de prétexte pour renchérir les tarifs du passage. Certes
les actionnaires d’Eurotunnel ne sont pas les responsables directs de ces
morts. Mais ils expriment le cynisme des hommes d’argent lorsqu’ils réclament à
la France et à la Grande-Bretagne 9,7 millions d’euros pour compenser « les
pertes et les dépenses supplémentaires liées à l’afflux de migrants ». Les
patrons d’Eurotunnel expliquent que ces millions doivent leur permettre de
dresser des barrières supplémentaires, ajoutant qu’un tiers de cette somme
serait consacré à compenser les pertes d’exploitation et les retards dus à la
présence des migrants dans le tunnel.
En 2000,
le groupe avait déjà formulé une telle demande. Un tribunal lui avait donné
raison, estimant à 24 millions d’euros le préjudice subi.
Ce
cynisme révoltant dépasse toutes les estimations.
Christian
CHAVAUX
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