vendredi 31 juillet 2015

Tunnel sous la Manche : un cimetière pour les migrants. Un article de notre hebdomadaire Lutte Ouvrière de cette semaine.


Tunnel sous la Manche : un autre cimetière pour les migrants

 Dans la nuit du 27 juillet, 2 200 migrants ont tenté de pénétrer dans le tunnel sous la Manche, à Calais. Les images rappellent celles des tentatives de passage en masse de la frontière de Melilla, au Maroc espagnol. La situation inhumaine faite à ces milliers de migrants explique cette tentative désespérée.

Le 22 juillet, une jeune femme érythréenne était percutée par une voiture en tentant de rejoindre le tunnel. Quelques semaines plus tôt, une autre de 23 ans perdait la vie dans les mêmes conditions. Moussa, un Éthiopien, a lui été retrouvé dans un bassin de rétention du tunnel : il avait 17 ans.

Ce sont plus de dix migrants qui sont morts ainsi depuis le 1er juin. Tous fuient l’extrême misère qui règne dans leur pays, souvent ravagé par la guerre, et les Éthiopiens, Érythréens et Somaliens constituent la majorité des victimes. En plus de faire la chasse aux migrants, en les condamnant à ce que l’on appelle la « jungle » de Calais, l’État français comme l’État britannique consacrent toujours plus de moyens pour leur interdire l’accès au tunnel sous la Manche.

Cela ne dissuade pas des femmes et des hommes prêts à risquer leur vie pour passer. En revanche, cela a servi de prétexte pour renchérir les tarifs du passage. Certes les actionnaires d’Eurotunnel ne sont pas les responsables directs de ces morts. Mais ils expriment le cynisme des hommes d’argent lorsqu’ils réclament à la France et à la Grande-Bretagne 9,7 millions d’euros pour compenser « les pertes et les dépenses supplémentaires liées à l’afflux de migrants ». Les patrons d’Eurotunnel expliquent que ces millions doivent leur permettre de dresser des barrières supplémentaires, ajoutant qu’un tiers de cette somme serait consacré à compenser les pertes d’exploitation et les retards dus à la présence des migrants dans le tunnel.

En 2000, le groupe avait déjà formulé une telle demande. Un tribunal lui avait donné raison, estimant à 24 millions d’euros le préjudice subi.

Ce cynisme révoltant dépasse toutes les estimations.

Christian CHAVAUX

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