dimanche 24 novembre 2013

Fiscalité : « remise à plat de la fiscalité » blabla pour couvrir une politique qui pressure les classes populaires : deux articles de l’hebdomadaire Lutte Ouvrière de cette semaine. En vente auprès des militants à la librairie « Le Presse-papier » d’Argenteuil – 1 euro

Ayrault, et la « remise à plat de la fiscalité », du bla-bla pour couvrir une politique 
« Quelle énorme surprise ! », ont annoncé des journalistes complaisants ; Jean-Marc Ayrault a annoncé dans une interview au journal économique Les Échos que « le temps était venu d'une remise à plat de notre fiscalité », et d'ajouter qu'il allait recevoir prochainement les partenaires sociaux (c'est-à-dire syndicats et patronat) pour engager un débat global sur la fiscalité et les dépenses publiques. Seulement sur l'essentiel, sur l'utilisation des impôts pour le plus grand profit du capital, il n'y aura pas de débat.
Ayrault a d'ailleurs défini les limites de cette « concertation » : à son terme, « le gouvernement prendra ses responsabilités comme il l'a fait pour les retraites ». Alors, ne serait-ce qu'avec cette mise au point, les secrétaires des deux confédérations, Lepaon pour la CGT et Mailly pour FO, qui appellent tous les deux à manifester prochainement contre le projet scélérat sur les retraites, devraient claquer la porte et renvoyer le Premier ministre à ses manoeuvres. Mais Mailly s'est dit disponible, quant à Lepaon, on peut parier par avance qu'il ne fera pas la politique de la chaise vide. Inutile de parler de la direction de la CFDT qui a toujours le stylo à la main.
Au-delà des platitudes sur l'intérêt général et le devoir civique de l'impôt, Ayrault a tenu à bien rappeler ses choix qui, eux, ne sont pas soumis à débat. Parlant du crédit d'impôt compétitivité et emploi (CICE), il a déclaré : « À l'époque tout le monde avait salué cette mesure visant à alléger le coût du travail de 20 milliards d'euros. Toutes les entreprises, même petites, vont en profiter. Et comme la hausse de la TVA ne finance qu'un tiers du CICE, les entreprises seront largement bénéficiaires. Revenir sur la hausse de la TVA pour certains secteurs, ce serait revenir sur la baisse du coût du travail ». Et d'ajouter : « Il n'en est pas question. Nous n'allons pas détruire ce que nous sommes en train de construire ». L'amélioration de la compétitivité des entreprises est un terme élégant pour habiller les milliards distribués au patronat et aux actionnaires, et l'appui qui leur est donné pour accroître l'exploitation de leurs salariés et les profits qu'ils peuvent en tirer. Ayrault annonce donc d'emblée, qu'il n'est pas question de discuter de l'essentiel.
En parlant d'une « remise à plat » de la fiscalité, Ayrault n'en sait pas moins très bien de quoi il parle. Il s'agit de jeter un os à ronger aux partis et, en particulier, aux dirigeants syndicaux qui seront ravis de participer à ces discussions et feront semblant de croire qu'il pourrait en sortir une justice fiscale élaborée grâce à leurs propositions.
Mais la seule justice fiscale véritable serait de supprimer l'impôt sur le revenu et toutes les taxes qui frappent les travailleurs et de prendre sur les profits des capitalistes pour financer un État qui les sert si bien. Ce n'est évidemment pas ce que fera Ayrault. Mais les directions syndicales pourraient au moins le dire et faire ce qui devrait être leur vocation : organiser les travailleurs pour la lutte contre les capitalistes et le gouvernement à leur service.
                                                                              Paul SOREL

TVA - Les classes populaires rackettées par l'État 
La TVA est un impôt que chaque salarié, chaque chômeur, chaque retraité paie systématiquement sur toutes ses dépenses de consommation, pour manger, se déplacer, se cultiver ou se divertir. Pour un grand nombre de produits ou de services achetés, le taux normal de 19,6 % s'applique, quel que soit le revenu de l'acheteur. Seuls certains produits bénéficient d'un taux réduit : 2,1 % pour les médicaments remboursés par la Sécurité sociale et pour les journaux ; 5,5 % pour les produits alimentaires considérés comme de première nécessité (le champagne et le caviar en sont exclus !), le gaz et l'électricité, les cantines scolaires, les livres ; 7 % pour les transports en commun.
Les ménages les plus pauvres utilisent chaque mois tous leurs revenus ou presque en dépenses de consommation. Par conséquent, la part de ces revenus ponctionnée par l'État au titre de la TVA est bien plus grande pour eux que pour des ménages aisés. Dans le cas d'un couple avec deux enfants gagnant 36 000 euros net annuels (soit deux salaires de 1 500 euros), la TVA ampute 13 % des revenus, alors qu'elle ne dépasse pas 6,30 % pour un couple avec deux enfants gagnant 100 000 euros net par an. Plus généralement, les dépenses fiscales totales d'un ménage à petits revenus sont proportionnellement bien plus importantes que celles d'un ménage aisé : 24 % du budget contre 17 % dans l'exemple précédent.
On entend souvent dire qu'un Français sur deux ne paie pas d'impôt. C'est un grossier mensonge ! Plus de la moitié des recettes de l'État résultent de la TVA et de la taxe sur les produits pétroliers (TIPP), et pour cela, il rackette toute la population. Il envisage d'augmenter encore la TVA à partir de janvier 2014. Mais plus généralement, ce sont tous ces impôts indirects, TVA et TIPP, que les couches populaires n'ont aucune raison de payer.

Valérie FONTAINE

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