jeudi 28 février 2013

La grève à PSA-Aulnay : un article du n° 2326 de l'hebdomadaire Luttte Ouvrière daté du 1er mars 2013, en vente auprès des militants d'Argenteuil, et à la Librairie des Ecoles, bd Léon Feix, ou sur abonnement (nous joindre)


PSA - Aulnay-sous-Bois - Les grévistes ont mangé du lion !

À PSA Aulnay, la sixième semaine de grève a débuté sur les chapeaux de roues.
Mercredi 20 février, à 6 h 30, 250 grévistes partaient pour l'usine de Lear à Cergy-Pontoise. Cette usine, qui fabrique des sièges pour l'usine PSA de Poissy, était en grève depuis jeudi 14 contre la suppression de 300 emplois. Avec comme conséquence, la sortie de 4 000 voitures sans siège pour lesquelles la direction trouvera difficilement des clients...

EN VISITE A LEAR
     Les travailleurs d'Aulnay sont rentrés sans problème dans l'usine Lear, car les CRS positionnés devant l'usine de Lear, les attendaient lundi et mardi... mais pas mercredi. Ils se sont donc encore fait doubler.
     Les travailleurs en grève de Lear ont accueilli chaleureusement ceux d'Aulnay et tous ensemble ont tenu une assemblée générale, où chacun a expliqué ses problèmes et ses revendications avant de scander ensemble : « La force des travailleurs, c'est la grève » ou « PSA Lear même combat » !
     Dans la foulée, ceux d'Aulnay sont partis à l'usine PSA de Poissy. Là aussi, même si le climat n'est pas encore à la grève, ils ont rencontré un bon accueil : près d'une centaine de travailleurs, surtout des jeunes, venaient de débrayer après l'annonce de 0 % d'augmentation de salaires pour 2013. De nombreuses discussions ont eu lieu entre les travailleurs des deux usines, qui se connaissent parfois pour avoir déjà travaillé ensemble.

LA DIRECTION INCAPABLE DE REDEMARRER LA PRODUCTION
     De retour à Aulnay, les travailleurs ont pu constater que la direction n'arrive pas à faire tourner les chaînes même quand l'usine est vide de grévistes. Les deux fois où elle a essayé, seules quelques voitures sont sorties des mains des chefs. Mais il faut voir le prototype ! La plupart ne démarrent pas et il faut les sortir au tir-palette. Sur les autres il manque des pièces, des durites... quand les moteurs ne sont pas montés de travers. Une seule voiture était commercialisable sur l'ensemble !
     La direction s'est heurtée à la résistance des non-grévistes qui refusent de travailler sous la pression des cadres. Certains sont même allés à l'infirmerie pour se plaindre du harcèlement. À force de pressions, c'est la direction qui va remettre tout le monde en grève ! Ainsi, le soutien des travailleurs de l'usine au mouvement ne se dément pas.

LA SOLIDARITE OUVRIERE, ÇA PAYE !
Lundi 25 février, la grève a donc redémarré comme tous les lundis. De nouveaux cadres et agents de maîtrise étaient mobilisés par la direction. Il faut croire que ces cadres transformés en pots de fleurs s'usent plus vite que les grévistes. Ceux-là, en rangs serrés sont venus leur dire à quel point ils se trompent de camp en servant une direction qui ne tarderait pas à les jeter dehors si elle arrivait à écraser les ouvriers. Après cette démonstration de force et de cohésion, les grévistes ont tenu leur assemblée générale à laquelle de nombreux non-grévistes sont venus participer pour avoir des informations fiables.
     Une des décisions importantes de la semaine concernait la distribution de l'argent récolté dans la caisse de grève. Le comité de grève devait faire des propositions sur comment faire ? À qui ? Combien ? Et quand ? Les grévistes veulent que tous ceux qui ont fait grève, même seulement une semaine, aient une indemnisation de la caisse de grève. Et, grâce au soutien financier de milliers de militants, d'anonymes, de syndicats, etc., qui a atteint la somme de 260 000 euros, il sera possible de distribuer jusqu'à 800 euros à ceux qui ont fait tout le mois de grève, sans compter les aides individuelles des mairies que certains ont pu percevoir.
       Ces décisions sont importantes non seulement pour tenir mais pour montrer à la direction que par leur organisation, les travailleurs surmontent une grande partie des problèmes financiers posés par la grève et qu'ils se donnent les moyens de continuer la lutte.

C'EST LA DIRECTION QUI RECULE
     Tout cela, la direction le comprend bien. Elle qui clamait fièrement que la réunion du 12 février, était la dernière, a été obligée de se dédire et d'organiser quatre nouvelles réunions avec les syndicats qui soutiennent la grève. La direction n'a rien lâché mais la grève ne faiblissant toujours pas, elle s'est vue contrainte de proposer une réunion, cette fois avec tous les syndicats... même ceux qui avaient accepté son projet. C'est une manière de reconnaître que celui-ci ne passe pas auprès des salariés et que les grévistes d'Aulnay l'obligent à rediscuter.
     À cette réunion, la direction avait donc rengainé une partie de son arrogance. Cependant, elle continue à camper sur son projet d'accord et à ne rien céder, tout en demandant que la grève s'arrête.
     Le 27 février, les travailleurs rentraient dans leur septième semaine de grève, toujours aussi déterminés. Leur lutte reste difficile, mais ils peuvent s'appuyer sur un soutien populaire indéniable et sur celui de la majorité des non-grévistes de l'usine, même si ce soutien est souvent passif. C'est ce soutien qu'il leur faut préserver, renforcer et même arriver à transformer en soutien actif comme cela a été le cas quand d'anciens grévistes se sont remis ponctuellement en grève pour participer aux actions importantes de la semaine.

                                                                         Correspondant LO

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