Lycée professionnel de Villiers-le-Bel (Val-d'Oise) :
l'éducation, une priorité ? Des discours à la réalité
Mercredi 9 janvier, suite à un énième conflit avec un élève, une majorité des
enseignants du lycée professionnel de Villiers-le-Bel ont décidé de cesser de
travailler. Les conditions minimales pour le faire ne sont de fait plus
réunies.
Dans ce lycée qui a toujours été difficile, la situation s'est
considérablement dégradée depuis quelques années, à cause d'une diminution
drastique des moyens mais aussi en raison du travail calamiteux de la direction
de l'établissement, qui préfère cacher les problèmes plutôt que de tenter de les
régler. Les dysfonctionnements s'accumulent mais, de son point de vue comme de
celui de l'Inspection académique (IA), peu importe si les enseignants font des
cours ou de la garderie : l'important est de ne pas faire de vagues.
Par exemple, la rentrée de septembre a eu lieu sans conseiller principal
d'éducation (CPE), sans listes d'élèves, sans carnets de correspondance, sans
trombinoscopes. Le logiciel qui gère l'appel et le cahier de textes n'a pas été
utilisable pendant plus d'un mois. Les enseignants n'ont donc pas fait l'appel
pendant plusieurs semaines. Des élèves ont choisi leur classe en se regroupant
par affinité, donc souvent par quartier d'origine, et la direction du lycée a
validé leur choix.
Mais surtout ce sont des problèmes d'indiscipline, d'incivilités, de
grossièreté, de violence qui pourrissent le quotidien du lycée. Les conflits se
multiplient, laissant de moins en moins de place à la transmission des
connaissances. L'absentéisme atteint des records. Des dizaines d'entre eux, qui
n'apprennent plus rien, considèrent les enseignants comme des ennemis. Les
enseignants sont placés devant le choix d'accepter d'être chahutés ou de
s'engager dans des conflits à l'issue très incertaine, faute de soutien de la
direction.
Le grand mérite de cette mobilisation, qui a duré une semaine, est que les
enseignants ont mis le doigt sur la plaie. Ils ont demandé à l'Inspection
académique de se déplacer jusqu'au lycée et d'y faire un audit de l'ensemble des
dysfonctionnements. Cette demande n'a pas été satisfaite. Une délégation a
finalement été reçue à l'Inspection une semaine après le début du mouvement.
Celle-ci a promis la visite d'un inspecteur pédagogique régional dans les
prochaines semaines, de diligenter un audit dans les mois prochains
(vraisemblablement durant l'année scolaire 2013-2014), ainsi que le paiement de
la moitié de la semaine d'arrêt de travail.
Même s'ils n'ont pas gagné grand-chose, les enseignants ont au moins voulu
mettre un coup d'arrêt à cette dégradation sans fond. Car, même si la hiérarchie
de l'Éducation nationale s'en moque, les jeunes des quartiers populaires ont
droit comme les autres à un véritable cadre permettant de travailler dans la
sérénité. L'école doit rester un lieu d'apprentissage, c'est l'attente de la
grande majorité des élèves.
Au prochain incident, qui malheureusement ne devrait pas tarder, les
enseignants sont prêts à se mobiliser de nouveau. Et ils viennent de prouver
qu'ils savent le faire.
Correspondant LO
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