dimanche 19 août 2012

Editorial des bulletins Lutte ouvrière du 13 août


L’augmentation des prix rogne le pouvoir d’achat. Échelle mobile des salaires !
Les licenciements déjà annoncés et ceux à venir ne sont pas les seuls fléaux qui, dans cette période, frappent à coups redoublés les classes populaires. Il y a aussi cette augmentation des prix qui, de jour en jour, rogne un peu plus le niveau de vie des travailleurs.
     Il ne s’agit pas seulement des prix des produits saisonniers, liés à la météo, mais des prix industriels.
     Les carburants, par exemple, ont repris une nouvelle fois leur envol. Et pourtant, ils ne coûtent pas plus cher à produire. Les salaires - ce prétendu coût du travail accusé de tous les maux - de ceux qui assurent l’extraction, le transport, la transformation, la distribution, n’ont pas subi de hausse qui pèserait sur le prix du produit fini. Non, l’augmentation des prix est simplement due aux fluctuations sur les marchés financiers ; cela s’appelle la spéculation.
     François Hollande, au cours de sa campagne électorale, avait promis d’intervenir pour réduire les conséquences sur la population de ces hausses de prix des carburants. Mais le ministre de l’Économie se contente d’agiter la menace de procéder à un blocage pendant trois mois des prix à la pompe. Rien dans cette mesure qui remette en cause les profits des trusts pétroliers puisque les prix seront bloqués à un haut niveau. Et pourtant, le gouvernement tergiverse. Il explique qu’il va mener, dans un premier temps, “une mission d’analyse et d’inspection sur la formation et la transparence des prix de la filière pétrolière”. C’est se moquer ouvertement du peuple. Comme si le gouvernement avait besoin de mettre en place une telle “mission” ! Si les ministres ont changé, les fonctionnaires des ministères sont restés les mêmes. Il suffirait donc d’un clic de souris pour avoir instantanément les renseignements qu’attend Moscovici pour prendre cette mesure de blocage.
     Autre augmentation de prix annoncée, celle du gaz, puisque le Conseil d’État a conclu, suite à une plainte de GDF-Suez, que le gel des prix du gaz qui avait été décidé par le gouvernement Fillon est illégal. Les 9 millions d’usagers devront donc payer le manque à gagner du trust distributeur. Ce sont 290 millions d’euros qui iront rejoindre les milliards de bénéfices que fera GDF-Suez cette année encore. Qu’on se rassure, le gouvernement n’est pas resté inerte. Il a obtenu que le paiement de ces 290 millions soit étalé sur 18 mois. Quelle prouesse ! Mais jamais on n’a vu le Conseil d’État ni aucun organisme officiel décréter que le gel des salaires, des retraites et des allocations était illégal, et imposer un rattrapage !
     Les carburants, le gaz ne sont pas les seuls produits de première nécessité qui ont augmenté. À l’augmentation des tarifs SNCF, des péages autoroutiers, de l’électricité, qui dépend en fin de compte d’une décision officielle, il faut ajouter celle des loyers et des denrées de consommation courante.
     Face à cela, le gouvernement est tout fier d’annoncer qu’il a réduit le montant de telle ou telle hausse. Mais cela ne nous avance pas beaucoup. Surtout quand les salaires sont, eux, réellement bloqués et qu’avec le développement du chômage, le pouvoir d’achat des foyers populaires dégringole.
     Cette situation n’est pas due à la crise, même si cette crise en a aggravé les conséquences subies de plein fouet par les classes populaires tandis que les bourgeois s’en sortent au mieux. Ce n’est ni juste ni normal.
      Quand les prix augmentent, les salaires, pensions, retraites, indemnités de toutes sortes, devraient augmenter dans la même proportion. Un tel mécanisme n’aurait rien de révolutionnaire. Il a même existé, grosso modo, ici, en France, jusqu’en 1982, dans beaucoup d’entreprises importantes. Ce système d’échelle mobile des salaires était loin d’être parfait, mais il permettait, là où il existait, de faire que les salaires ne prennent pas un trop grand retard sur les prix.
Face à la déferlante des plans dits sociaux, au déluge de licenciements, il faut revendiquer leur interdiction. Mais en même temps, il est indispensable de revendiquer l’indexation des revenus des classes populaires sur les prix, sur la base d’un indice établi par les travailleurs et leurs organisations. Cette exigence ne devra pas être oubliée dans le programme des luttes de la rentrée.

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